Page 17 Memoire_Daveloose
P. 17




prodiges de vitesse, aussi notre colonne, qui, à 15h10, quittait Verdun, rattrapa à 20
kilomètres de cette ville le convoi de notre ami. Depuis aucune nouvelle ne nous est
parvenue et tout nous portait à croire qu'ils ont été faits prisonniers aux environs de
Chaumont. En me promenant sur la place de Saint-Flour, j'avais une pensée émue pour ce
brave Petit, homme dévoué, aimant rendre service, toujours prêt pour toutes les corvées, son
bon cœur était connu de tous. C'est donc avec confiance et le sourire que le petit groupe de
soldats avaient suivi le sous-officier qu'ils aimaient. Après avoir tourné en rond, je me
décidais à aller à une borne fontaine afin de procéder à une toilette sommaire. Cette dernière
achevée, je me dirigeais, avec mon quart, vers la roulante où j'eus le plaisir de boire un café
bien chaud et bien serré. J'allais ensuite inviter les copains à en faire autant et en peu de
temps la roulante fut entourée de nombreux soldats et aussi de nombreux réfugiés, ces
derniers étant comme nous, garés, avec leur voiture, sur la place de la ville basse. Pendant
que nos officiers tentaient de connaître le nouvel itinéraire, on traîna la semelle, bavardant de
tout et de rien. Nous mangions notre casse-croûte quand on nous apprit que le service
postal, téléphonique et télégraphique était complètement suspendu, que les journaux ne
paraîtraient pas ce qui nous fit comprendre que la situation était toujours plus mauvaise. On
vit arriver le Capitaine et le Commandant avec, en poche, les ordres de la place. Comme
d'habitude on rassembla les gradés pour leur faire connaître le nouvel itinéraire : SAINT-
FLOUR, ROFFIAC, TUNNEL DE LORIAN, SAINT JACQUES-DES-BLATS, YOLET,
AURILLAC, LA FEUILLADE-EN-VEZIE.


Alors qu'un camion, sous les ordres du Lieutenant Michaux, se rendait à l'approvisionnement
en essence, on fit le plein des voitures en carburant et en eau, puis, la corvée achevée, on
procéda à nouveau à la formation par numéro d'ordre de notre convoi ; travail pas facile, nos
voitures étant mélangées et encastrées dans celles des réfugiés. Ayant été désigné ainsi que
Marcel Bouchez pour organiser le convoi, on fit défiler une à une, et suivant leur numéro,
toutes les voitures, montant sur les marchepieds du dernier camion, pensant bien que
l'officier chef de file aurait, dès la sortie de la ville, arrêter le convoi afin de procéder un
regroupement. Il n'en fut pas ainsi, pourquoi ? Marcel et moi n'avons rien compris à la
tactique de l'officier de poursuivre sa route à toute vitesse laissant s'échelonner derrière lui
des camions qui ne pouvaient rivaliser de vitesse. Ainsi, dans cette situation peu
avantageuse, recevant la pluie qui s'était mise à tomber, fouettés par le vent qui soufflait par
grosses rafales, nous avions bien de la peine à rester accrochés aux portières de la voiture.
On poussa un ouf de soulagement lorsque, arrivés au sommet d'une côte, on vit venir à nous
une voiture de tourisme. L'ami Sam, ne nous voyant pas arriver, avait eu l'heureuse idée de
venir à notre rencontre. On retrouva donc notre voiture, y monta, fit demi-tour et regagna à
toute vitesse la tête de la colonne. Celle-ci était arrêtée à l'entrée de Roffiac, attendant le
regroupement des voitures.
.
C'est au cours de cette halte que j'ai reçu l'ordre de monter dans la voiture personnelle du
Commandant, laquelle était conduite par un gars venu en subsistance chez nous début juin.
Il venait du 155° RIF en position depuis le début de la guerre totale à Montmedy. Nous
devions suivre l'auto du chef d'escadron dans laquelle, en plus de ce dernier et du chauffeur,
se trouvaient deux dames de Verdun avec leurs enfants dont l'une était l'épouse d'un sous-
officier de chez nous. Dès le signal de départ, on démarra à toute vitesse laissant derrière
nous le convoi, étant donné que nous devions préparer le cantonnement pour la colonne..


Durant cette nouvelle randonnée j'ai découvert un paysage semblable à celui de la veille, j'ai
traversé des contrées aussi montagneuses, aussi jolies ; traversant des bourgades, lieux de
vacances et de repos où l'on pouvait voir des familles qui attendaient, bien à l'abri, des jours
meilleurs. Je me dois de signaler que dès la sortie de Roffiac, nous avons roulé dans un
tunnel d'une longueur de 1500 mètres, un chef d'œuvre, travail admirable, électrification
parfaite. On arriva à La Feuillade-en-Vezie vers 13 h, on procéda aussitôt avec le concours
des autorités de la commune, à la visite des locaux et d'un endroit assez vaste pour former le
   12   13   14   15   16   17   18   19   20   21   22