Page 22 Memoire_Daveloose
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démobilisation... J'aurais souhaiter ne plus bouger. Ce qui me tenaillait était que si le
cantonnement ne pouvait être stable, je ne savais comment donner une adresse à mes
aimées et mes parents et obtenir d'eux des nouvelles. C'est déçu que je me rendais en
compagnie d'André Bartier à notre éphémère logement. J'annonçais à mes hôtes mon
départ, me retirais dans ma chambre pour refaire mes bagages, que je confiais à mon
compagnon de lit. Puis je me rendis à la Mairie où se trouvait mon équipe de corvée avec la
camionnette. On procéda aussitôt au déménagement du bureau. Ceci fait, j'allais confier mon
corps fatigué à cette couchette bien douce, me demandant ce que j'aurais pour me reposer
le lendemain soir.
Vendredi 27 juin
Lever à 7h30. A 8h, je faisais mes adieux à ma logeuse et me rendais au parc de voitures
lieu du rendez-vous. Je rencontrais le Capitaine Mounier qui m'avisa que le Commandant
était parti plus tôt, ayant à faire un crochet par Toulouse. Je devais donc faire le déplacement
avec lui. A 8h30, on démarrait. On quittait Roquecourbe pour se trouver de suite dans la
montagne. On passa par Lautrec, petite ville perchée au sommet d'une colline. Comme tous
les patelins du midi, elle avait des rues très étroites, les plus larges ne laissant passer qu'une
voiture de front. De ce petit coin perché, on découvrait une grande vallée fertile parsemée de
petits villages isolés faisant comme un damier se détachant sur l'horizon montagneux : coup
d'oeil magnifique. Roulant à une vitesse de 65 km en moyenne, à 9h10 nous étions à
Graulhet. Le Commandant Seval se trouvait déjà en conférence avec l'Etat-Major du PRA.
Alors que la Capitaine Mounier le rejoignait, je me rendais au cabinet du Maire afin de
pourvoir au logement chez l'habitant des officiers et sous-officiers et d'un lieu de
cantonnement pour les hommes et le matériel, train-train habituel. Cet Officier ministériel très
peu aimable, ne trouva rien de mieux que d'opposer un refus à ma requête ajoutant qu'il lui
sera très difficile de loger même les officiers. Je sentais que je ne pouvais prolonger
l'entretien, je lui demandais de réfléchir au problème et que je reviendrais le voir avant le
déjeuner. Sorti du bâtiment communal, j'appris par le chauffeur du Capitaine que celui-ci ne
me voyant pas revenir était parti dans la voiture du Commandant avec celui-ci et un général.
J'avais pour ordre de les attendre. J'étais à faire les cent pas lorsque j'aperçus une colonne
de chez nous qui rejoignait Roquecourbe. Je l'arrêtais. Malheureusement, la circulation a cet
endroit était importante. Jugeant qu'il était impossible de permettre plus longtemps au convoi
de stationner à cet endroit, je m'enquis auprès d'un garde d'une place publique où j'amenais
hommes et matériels récupérés. Ce fut, comme toujours en pareil cas, des serrements de
main, des questions en grand nombre, tout le monde ressentant une grande joie à se
retrouver. Ceci augmentait encore notre effectif de 2 Maréchal de logis, 2 brigadiers chefs, 3
Brigadiers, 320 hommes et 26 voitures.
C'est sur cette place, installé à boire un verre dans un café que l'on vint m'avertir que le
Capitaine Mounier m'appelait ainsi que le chef du convoi retrouvé. On apprît de lui qu'il n'y
aurait pas moyen de s'installer dans la ville et que l'on conserverait notre cantonnement à
Roquecourbe où, me dit-il, nous allons aussitôt nous rendre afin d'empêcher que la colonne
s'en aille. Il ordonna au chef de convoi de rejoindre avec ses hommes à allure modérée notre
petit village. Inutile de dire ma joie de rentrer, de pouvoir reprendre ma chambre et ma place
à la Mairie. Mes hôtes et André ne me parurent pas moins heureux que moi.
Du samedi 29 juin au mardi 2 juillet
Aucun changement ne s'est opéré. Je me trouve toujours dans le même état d'esprit
n'arrivant pas malgré toute ma volonté à surmonter ma profonde tristesse. Toujours aucune
nouvelle des miens. Je ne suis pourtant pas si exigeant, je ne souhaite qu'une carte qui
porterait ces mots : Tous en bonne santé, baisers, et que mes êtres chers puissent être
rassurés sur la santé de leur absent afin que puisse enfin cesser l'ascension de ce