Page 12 Memoire_Daveloose
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l'auberge manger une bonne omelette que nous avions fait préparer, arrosée d'un bon vin
rouge. Retourné au bureau, je travaillais jusque midi, puis j'allais déjeuner. L'après-midi se
passa à travailler et le soir nous retrouva tous autour de la table où chacun émit des
suppositions les unes optimistes, les autres pessimistes sur le sort de nos camarades
absents. Après le café, nous avons tourné en rond par petits groupes durant une 1/2 heure
puis on regagna notre chambre afin de s'allonger sur notre lit de milieu au doux matelas pour
dormir d'un sommeil de plomb.

Mardi 18 juin


Après une nuit encore meilleure que la précédente, je m'éveillais bien dispo. Comme la
veille, je faisais ma toilette. André Bartier et moi savions que le Capitaine était parti à
Gueugnon afin de prendre les ordres. En attendant de les connaître, nous nous promenions
dans la campagne. Au cours de cette marche matinale, on vit des paysans avec un fusil de
chasse. Alertés à 2 heures du matin, ils montaient une garde vigilante pour arrêter et
poursuivre les parachutistes. Par la même occasion, on apprit que les allemands avaient
bombardé Le Creusot. Cela nous fit penser que bientôt nous aurions à nouveau un ordre de
repli. C'est d'ailleurs l'ordre qui fut communiqué à notre officier qui se trouvait au
cantonnement à notre retour de promenade, ordre qu'il nous transmit à son tour. Nouveau
branle-bas de combat, déménagement, chargement du tout dans les voitures. A 10h30, le
Capitaine nous rassembla et communiqua aux sous-officiers ses instructions et l'itinéraire
suivant : CURDIN, CHALMOUX, DIOU, DOMPIERRE-sur-Besbre, THIEL, MONBEUGNY,
MOULINS.

Dès que l'on fut libre, on contesta l'itinéraire choisi pour parvenir à Moulins. En effet, cet
itinéraire nous menait en parallèle avec la ligne de front. Sachant que l'ennemi avançait par
bonds de 20 à 30 kilomètres, on ne trouvait pas prudent de se rendre à Moulins, mieux valait
descendre directement vers le sud, sur Roanne par exemple. On fit part de nos craintes au
Capitaine qui maintint sa décision malgré que le bruit se répandait que les ponts à Diou
avaient sautés. On distribua à tout le monde un repas froid et un quart de vin. Après avoir
mangé le bout de pain et le morceau de fromage, les voitures sont amenées et placées en
colonne par numéro d'ordre sous le commandement du chef de convoi.

On quittait Curdin à 11h30, avec très peu d'enthousiasme et l'on regrettait presque ce bled
où l'on avait trouvé bon accueil, ce petit village qui nous avait permis de récupérer nos forces
physiques. C'est sans joie que l'on suivait le chef de file et pour cause ! Celui-ci, peu rassuré
malgré tout, arrêtait, sur les chemins, toutes les personnes susceptibles de lui fournir des
renseignements et la colonne poursuivait sous la pluie, sa route vers un nouveau destin.
Notre agent de liaison était envoyé en reconnaissance à travers bois avant que s'engage le
convoi, le pauvre que de fois fit-il la navette entre la colonne et le point, à reconnaître, qui lui
était indiqué. En cours de route, on rencontra des personnes qui nous disaient que l'armistice
était signé ; personne ne croyait à ce nouveau canular et on roula sans encombre jusqu'à
Moulins où nous arrivâmes à 22h30 croisant toujours et sans cesse des convois militaires.
Dès notre arrivée on fit mettre les voitures dans une petite rue à l'entrée de la ville, on fit à
tout le monde une distribution de casse-croûte composé d'un bout de pain, d'un rond de
saucisson et de l'éternel quart de vin, puis chacun s'installa pour dormir dans les voitures peu
rassuré sur son sort. Le sommeil fut long à trouver, enfin la fatigue l'emportant, je
m'endormis.

Mercredi 19 juin


A 4 heures du matin, réveil en fanfare, une voix nous disait de déguerpir en vitesse car
l'ennemi était là. Le temps de se frotter les yeux pour se réveiller totalement, comme le
Capitaine prévenu n'était pas arrivé, on prit sur nous de commander à l'agent de liaison de
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