Page 13 Memoire_Daveloose
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reconnaître si un chemin pouvait nous mener à la route nationale sans avoir besoin de faire
exécuter des marches arrières et des demi-tours aux voitures. Nous commandons la mise en
marche des moteurs et comme on reçoit une réponse affirmative du motocycliste, on fait
démarrer le convoi, on put ainsi atteindre la grande route où l'on se retrouva dans les
inévitables embouteillages. C'est à ce moment là que l'on vit arriver la voiture du Capitaine
accompagné de son chef. Après avoir attendu environ 20 minutes, on put partir lentement
laissant sur notre droite toute une colonne de civils qu'un service d'ordre faisait stopper pour
laisser passer les convois militaires. On passa un pont sur la Loire, tout était prêt pour le faire
sauter avec des tonneaux remplis de poudre . Des chicanes étaient placées à l'extrémité du
pont. On constata que le pont était défendu par quelques soldats : 2 mitrailleurs, 1 canon de
37 (on apprit par la suite que ce pont n'avait pas sauté). Dès que le pont fut passé, on put
rouler plus vite, la route étant dégagée. La colonne parvint à une jonction de routes où l'on vit
sur chacune d'elles une pièce de 75 en batterie avec ses servants. On était à environ 500
mètres du front. On suivait notre chef de file sans connaître l'itinéraire. Enfin, le convoi
s'arrêta, l'officier rassembla tous les gradés et leur donna l'itinéraire de cette nouvelle étape :
MOULINS,LE MONTET, MONTMAI COMBRONDE, RIOM, MARSAT, VOLVIC, EBREUIL,
Notre course reprit et de cette nouvelle partie de l'aventure, rien de sensationnel à signaler
jusque Riom. Là, après avoir séparé les colonnes, les officiers de la circulation, voulaient les
faire rejoindre une caserne d'où l'on pourrait les renvoyer sur leurs unités. Pour certains
d'entre nous, c'était plutôt pour leur donner une nouvelle affectation, dans des corps francs,
par exemple. Le Capitaine avait commis la faute de quitter le convoi me laissant ainsi qu'à
Sam son commandement. Nous avions le devoir de mener en des endroits sûrs, toutes les
voitures et les camions remplis de matériel. Pendant que la colonne était prise en charge par
les gendarmes, Sam et moi, à pieds, la suivions à distance, pour reconnaître l'endroit où on
l'amenait. Etant fixés sur celui-ci et après nous être consultés, nous sommes allés nous
rafraîchir dans un café. Alors qu'on nous servait, des avions survolaient la ville encadrés par
les tirs de DCA. Cela jeta une grande panique parmi les civils qui entendaient le canon pour
la première fois. Cet effroi nous faisait rire, pensant, peu charitablement, que c'était bien leur
tour de connaître les méfaits de la guerre, les nôtres ayant du en voir bien d'autres et des
plus terribles.
Après nous être rafraîchis, nous sommes allés parlementer avec les officiers de service à
l'entrée de la ville. Ceux-ci étaient en compagnie d'un gendarme qui restait
respectueusement à l'écart. L'officier, absorbé par son travail, ne nous écoutait que d'une
oreille distraite et nous répondait par monosyllabes, je pense qu'il ne s'est même pas aperçu
que nous l'avions quitté. Nous avons eu de suite sans nous concerter la même pensée : aller
dire au gendarme que le Capitaine était d'accord pour nous laisser continuer. On alla le lui
annoncer, il revint avec nous jusque la colonne, nous serra la main et nous souhaita bonne
chance sans se douter qu'il venait d'être leurrer. Sans plus attendre, nous plaçant en tête,
nous avons donné l'ordre de la mise en route non sans avoir pris soin d'envoyer le
motocycliste prévenir les chauffeurs des gros camions restés sur les grands boulevards et
leur faire connaître le point de ralliement. Celui-ci se situait à 200 mètres à l'extérieur de la
ville. A cet endroit, on fit stopper la colonne pour attendre les autres qui tardaient tant à
arriver, qu'avec notre voiture, au risque de nous faire pincer, on retourna dans Riom les
cherchant partout sans résultat. Furieux de cette perte de temps, on retrouva le convoi et l'on
partit empruntant une route de traverse qui avait été indiquée à Sam par un garagiste du
pays. Ce chemin était peu large, de la largeur d'un camion. On arriva ainsi dans Marsat aux
rues étroites. La voiture ne passait que de justesse.
On s'apprêtait à continuer sur Volvic lorsque l'on rencontra le Capitaine qui nous donna
l'ordre de stopper. Il nous indiqua qu'il était impossible de se rendre dans ce dernier patelin
et que l'on cantonnerait à Marsat. On mit le Capitaine au courant de nos dernières péripéties
parvenant à le décider de m'établir un ordre de mission pour chaque déplacement. L'heure