Page 38 Memoires de guerre 1914 1918
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Pierre Charmoy





donné sa taille cela a demandé du temps, mais la souffrance a diminué très vite, j’ai pu
dormir, j’étais ressuscité. à 19 ans on a de la vitalité !
Je suis resté six mois dans cet hôpital, dans ma salle il y avait trois infirmières
bénévoles, dames toulousaines, je me souviens de leur noms – Mesdames Laigle, Kant-
zellary, Soulas – deux infirmiers territoriaux mobilisés venant du fin fond des Pyré-
nées et parlant un patois à peu près incompréhensible ; le médecin était un médecin de
campagne mobilisé, le chirurgien un as, et le colonel commandant l’hôpital une vieille
baderne. Il ne voulait pas qu’on s’assoit sur son lit mais il n’y avait pas de chaises ! La
nourriture était médiocre, on nous donnait de temps en temps des petites lentilles jaunes
orangées je n’en ai jamais vu ailleurs ; personne ne se plaignait, pour les camarades
c’était Verdun !






































Quand j’ai pu marcher, avec des béquilles d’abord, je sortais avec des camarades,
Toulouse est une belle ville : rue de Metz, rue d’Alsace-Lorraine, le grand Rond, le
Capitole, de beaux cafés, beaucoup de jeunesse, les gens bien habillés, mieux que dans
nos pays. Tels sont du moins mes souvenirs. Parfois nous nous promenions en barque sur
la Garonne.

















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