Page 43 Memoires de guerre 1914 1918
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mémoires de guerre (1914-1918)





Des ravins couverts de forêts étaient maintenant complètement dénudés. Fleury,
Thiaumont où nous devions aller souvent avaient disparu, et des dizaines de pièces
d’artillerie et de caissons démolis garnissaient les pentes. Une chose qui m’a frappé
quand je suis revenu à ce front, c’est que nous étions envahis de grosses mouches bleues
– sans doute la présence de cadavres – elles recouvraient la moindre goutte de vin, de
café, le moindre morceau de pain de viande, il fallait faire attention de ne pas en avaler
en mangeant.































La ligne de front s’était un peu éloignée et pour la rejoindre on pouvait en certains
endroits quitter le boyau d’accès ; ce qu’on voyait était alors hallucinant , un chaos avec
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des entonnoirs de toutes tailles, certains énormes, et là-dedans des débris de toutes sortes,
fusils, caisses de munitions, bidons de ravitaillement et aussi des cadavres et même des
morceaux de cadavres. Je me souviens d’un bras enveloppé d’un pansement. Le pauvre
espérait peut-être avoir la bonne blessure qui allait le mettre à l’abri, et puis il avait été
volatilisé avant d’être sorti de l’enfer.




























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