Page 55 Memoires de guerre 1914 1918
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mémoires de guerre (1914-1918)
















































Le lendemain il neigeait, la visibilité était mauvaise, les pistes se détrempaient,
le ravitaillement pour une telle masse d’hommes était pénible et difficile ; heureusement
l’artillerie allemande tirait peu. Tout cela ne remontait pas le moral, malgré tout avec
une telle accumulation d’artillerie, on espérait.
Le jour J arriva, pendant deux ou trois jours l’artillerie tira sans arrêt, en face
tout aurait du être pulvérisé. Le jour J était le 16 avril 1917. Avec un autre téléphoniste
(Niel dit Jojo) nous accompagnâmes un lieutenant et un sous-officier ; nous quatre de-
vions suivre les vagues d’assaut des fantassins et téléphoner les renseignements au groupe.
Nous partîmes en pleine nuit pour rejoindre la tranchée de départ, nous portions un
appareil téléphonique et deux bobines de fil léger. Nous atteignîmes les premiers boyaux
puis les tranchées. Elles étaient pleines de fantassins debout, appuyés contre la paroi,
sommeillant comme ils pouvaient. Il ne pleuvait pas mais il faisait froid. Nous avan-
cions difficilement au milieu de cet encombrement d’hommes, de fusils, nous accrochant
les pieds dans tout ce qui encombrait le fond de la tranchée. Nous finîmes par arriver à
la tranchée de départ qui avait ceci de spécial que des marches avaient été creusées dans
la paroi pour pouvoir en sortir rapidement. Le lieutenant nous avait bien conduit car
nous trouvâmes tout de suite la boite de jonction (installée par le génie) où nous devions
nous raccorder, un essai, cela marchait, nous pouvions téléphoner avec le groupe. Il ne
restait plus qu’à sortir en suivant les fantassins et en déroulant notre fil, il n’y avait plus
qu’à attendre l’heure H !




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