Page 56 Memoires de guerre 1914 1918
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Pierre Charmoy


































































Il ne faisait pas encore jour, j’étais à côté d’un officier d’infanterie, sa montre dans
une main, son revolver dans l’autre. Il devait être à peu près cinq heures et demi quand il
leva le bras en criant « en avant », en même temps il me bousculait pour gravir les marches
et sauter au-dessus de la tranchée. Je le suivis avec un poids sur l’estomac en moins, quand
on sort ainsi on ne sait pas si dans les dix secondes qui suivent on ne sera pas fauché. Le
jour commençait à poindre, toute la vague d’assaut était sortie et avançait. Il commençait
faire vaguement jour, pas de soleil, toujours le ciel bas, on voyait encore mal, mais c’était
impressionnant d’entrevoir cette ligne d’hommes courbés en avant, avançant avec peine
dans le terrain bouleversé et boueux, plein de piquets et de barbelés. Déroulant notre fil
et le fixant au mieux nous prenions du retard, mais d’autres hommes surgissaient derrière
nous.




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