Page 48 Memoires de guerre 1914 1918
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Pierre Charmoy



















































Nous sommes restés muets pendant un bon moment, le cœur serré. Enfin, le tunnel
de Tavannes. Une ligne de chemin de fer suivait la route d’Étain et à un ou deux kilo-
mètres de nous s’enfonçait dans un tunnel assez long. C’était un abri idéal, aussi y
avait-on mis des troupes au repos, des blessés attendant de pouvoir être évacués, des vivres
et malheureusement aussi des munitions, cartouches, grenades, etc. Ce qui devait arriver
arriva. Un beau jour la paille sur laquelle couchaient les hommes prit feu, l’incendie
se propagea rapidement, la fumée envahit le tunnel, les grenades se mirent à exploser et
seuls les hommes qui se trouvaient près de l’entrée du tunnel purent se sauver, mais la
plus grande partie fut asphyxiée, brûlée ou tuée par les explosions. Nous voyions de notre
position la fumée sortir du tunnel, on n’entendait rien à cause du bombardement et nous
ne nous doutions pas du drame affreux qui se passait sous nos yeux. Combien y eût-il de
victimes ? On a parlé de 600, il y en eu sans doute beaucoup plus .
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