Page 14 Memoires de guerre 1914 1918
P. 14


Pierre Charmoy























































Le temps passait, j’étais devenu un cavalier honnête avec une peau toute neuve
sur mes fesses, du reste on prenait maintenant les étriers et le printemps arrivait. On
nous fit quitter la caserne pour loger en ville, là où on pouvait trouver des greniers ou
des écuries. Nous couchions sur des paillasses et dormions comme des rois. Les chevaux
étaient dispersés aussi, le centre de ralliement était aux abattoirs de Joigny sur le bord de
la rivière – ils existent encore – on y faisait l’appel et on y mangeait. Je garde un excel-
lent souvenir de cette période : la discipline était à la bon-papa, la nourriture conve-
nable, on pouvait du reste manger en ville de temps en temps, la chopine de vin de pays
(½ litre) coûtait 0,25, j’avais quelques bons camarades et comme nous avions quartier
libre à cinq heures nous allions pécher dans l’Yonne dont l’eau était claire, dans ce temps
là et il y avait du poisson.















14
   9   10   11   12   13   14   15   16   17   18   19