Page 18 Memoires de guerre 1914 1918
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Pierre Charmoy


















































Enfin, ce devait être en juin ou en juillet 15, un bruit commença à courir dans
le quartier : un nouveau groupe allait être formé et envoyé au front. Un groupe est une
formation de trois batteries de quatre pièces commandées par un capitaine, les trois
batteries étant sous l’autorité d’un commandant de groupe (quatre ficelles). C’était vrai,
on commença à trier les chevaux, à en recevoir d’autres et un beau jour le groupe fut
formé. Les officiers nous étaient inconnus, ils avaient déjà été au front. Les hommes et
les chevaux désignés, il ne manquait que le matériel. Nous quittâmes la caserne pour
aller nous rassembler par batteries dans de petits villages très proches de Joigny. On
avait dédaigné mes qualités de cavalier, j’étais téléphoniste à l’État-Major du groupe,
qui marchait avec la 51 batterie. L’État Major, autant que je m’en souvienne compor-
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tait le commandant, deux lieutenants (orienteur et transmission), un sous-officier, un
brigadier et une quinzaine d’hommes (téléphonistes, cuistot, ordonnances, vaguemestre).
La 51 batterie et l’État Major s’installèrent au Grand Longueron à 2 km de Joigny et
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pour notre part nous étions cantonnés dans l’école communale, une bonne couche de
paille nous servait de lit, nous dormions fort bien, et quelques dégourdis eurent vite fait
d’installer une cuisine en plein air abritée sous deux tôles ondulées. Je me suis rendu
compte à ce moment là que moi, je n’étais guère dégourdi. Nous étions cinq ou six
téléphonistes parmi lesquels je retrouvai mon ami Lapointe et fis connaissance avec un
autre engagé, Mustelier, qui est resté un bon ami jusqu’à ce jour.




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