Page 10 Memoires de guerre 1914 1918
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Pierre Charmoy
Je n’ai pas encore parlé de mes parents .
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La famille avait la chance d’être peu touchée par la mobilisation ; seul Charles
Peltier, mari de tante Ninette était parti avec un régiment de cavalerie comme méde-
cin major. La campagne août-septembre 14 fut très dure, par la suite il fut affecté à
un hôpital du front et en 1916 je le rencontrai à Verdun. Par contre, il y avait trois
officiers de carrière dans la famille : Paul Michaud, le frère de Maman, capitaine
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au 25 d’artillerie, je le rencontrai en Champagne, Louis Mathieu, lieutenant colo-
nel commandant le 227 d’infanterie à Dijon – il termina la guerre général et chargé
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d’honneurs –, son frère Léon Mathieu, commandant un bataillon d’infanterie, il
sera porté disparu en 1917 au cours des combats du Chemin des Dames. Mes parents
comprenaient et approuvaient mon désir de m’engager, mais eux comme moi nous ne
nous rendions pas compte à ce moment de la chance que j’avais de ne pas être dans un
régiment d’infanterie.
Donc, j’arrivai au 3 lourd à Joigny, j’ai été désigné comme conducteur. Les
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conducteurs s’occupaient des chevaux, les servants des canons. J’étais dans le quartier qui
se trouve tout en haut de la ville ; après être passé par le magasin d’habillement où je
touchai pantalon et vareuse bleu foncé – fort usagés – du linge, des treillis, etc. plus un
énorme sabre, je pris connaissance de ma chambrée…
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