Page 22 Memoires de guerre 1914 1918
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Pierre Charmoy





Le matériel était vieux, mais bien repeint faisait son petit effet, et puis, nous
étions contents : il faisait beau temps, on était au bon air, le cuistot s’en tirait bien,
que demander de plus. Sitôt le matériel reçu, il fallut apprendre s’en servir et le travail
devint plus sérieux. Pour nous, téléphonistes, nous fûmes vite à la page, il n’y avait que
des téléphones avec fil, il fallait donc dérouler des lignes de fil téléphonique qu’on accro-
chait généralement dans les arbres ou le long des talus.















































Le 18 août, manœuvre inverse : tout le matériel fut remis sur wagons, avec en plus
les chevaux et les hommes. à 22 heures la loco siffle et le train démarre. Nous traver-
sons Troyes et nous arrêtons à Haussimont, une toute petite gare ; une fois encore tout
le matériel est descendu, les chevaux attelés et le 19, à 18 heures, le groupe se mettait
en marche, commandant à cheval en tête, les trois batteries avec leurs capitaines sui-
vaient et je me souviens que le soleil se couchait derrière la colonne. Arrivée à Vaugency
vers trois heures du matin – 24 km –, à 9 heures départ pour Saint Hilaire au Temple
– 25 km – sous un soleil torride. Ma chère Maman m’avait tricoté des chaussettes de
laine, épaisses d’un doigt, je m’étais cru obligé de les mettre, et comme nous étions à
pieds, en arrivant à Saint Hilaire je n’avais plus de peau sous les pieds ; sur les conseils
d’un ancien, je me suis enduit les pieds du suif d’une chandelle, les ai enveloppés dans
des mouchoirs et ai continué ainsi la route, tant mal que bien, plutôt mal .




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