Page 9 Carnet de route MASQUELIN
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avec les batteries. Il a plu pendant tout le trajet et on s'en trouve un
peu fatigués. On ne comprend rien à ce que nous faisons. Pourquoi
reculons-nous ? On n'entend plus le canon. Les bruits qui circulent
sont bons : les serbes battraient les autrichiens et les russes
avanceraient en faisant à l'ennemi de grosses pertes. Nous
avancerions également en Alsace. Enfin, on manque de
renseignements précis.
28 AOUT 1914 :
Départ de bon matin pour CLERMONT-LES-FERMES où on passe
une partie de la journée. Dans l'après-midi, nous partons pour
MONTIGNY-LE-FRANC où nous logeons en grange.
29 AOUT 1914 :
Réveil à 3 heures* Les batteries partent pour la ligne de feu : elles
doivent se rendre vers LANDIFAYE par MARLE. Les T.R. du groupe
partent à 6 heures pour EBOULEAU où ils ravitaillent à midi et
demi. Après ravitaillement, départ pour MARLE où tous les T.R. du
C.A. sont parqués. Nous couchons au bivouac qui est dans les
champs de chaume au sud de oette ville. On entend une vive
canonnade. L'ennemi aurait été rencontré le matin à la
VALLEE-AUX-BLEDS.
30 AOUT 1914 :
Réveil à 4 heures. Le lieutenant m'envoie de suite avec CODARD à
la recherche des batteries qui n'ont pu être ravitaillées la veille. En
route donc pour MARLES, MARCY, CHATILLON-LES-SONS et
SONS. lci à l'E.M. du 3e C.A., on ne peut qu'imparfaitement nous
indiquer l'emplacement du groupe et nous ne pouvons accomplir
notre mission. Des renseignements qu'on donne ici, il parait que les
1e êt 18e C.A. auraient très bien donné la veille et que les 3e et 10e
auraient eu de grosses pertes.
De très bonne heure, le feu a recommencé jusque 10 heures. A
l'E.M. du 3e C.A. il y a, dit-on, un général et un colonel prussiens
prisonniers. Enfin, nous retournons sur MARLE avec une bonne
impression. Sur la route, la police est sévère. On arrête tous les
militaires isolés. A MARLE, je peux, au retour, aller visiter le
cantonnement que j'ai occupé l'année dernière pendant ma période.