Page 5 Carnet de route MASQUELIN
P. 5







A PETIGNY, nous sommes des mieux reçus, mais nous y arrivons
un peu fatigués. Le soleil a chauffé toute la journée et il a fallu

rester 13 heures à cheval ; on sent qu'il faut reprendre l'habitude.
Cette région des Ardennes belges me parait jolie aveo ses cotes et
bosquets.



14 AOUT 1914 :
Réveil à minuit pour partir à 5h30 car les ordres se transmettent
difficilement. Direction : FRANCHIMONT, par FRASME,
PHILIPPEVILLE, VILLERS-LE-CAMBON. Le pays devient moins

aocidenté mais n'est pas moins joli. PHILIPPEVILLE nous reçoit
comme COUVIN hier : on dirait qu'on part à la fête. Sur la route, il y
a des quantités de troupes ce qui rend la marche lente. Dans
l'après-midi, un avion allemand survole notre cantonnement.



15 AOUT 1914 :
Encore réveil à minuit. Etant de jour, il faut que j'aille aux ordres. La
batterie de tir part à 2 heures et le T.R. à 3h30. En route donc pour
MERLIMONT et VILLERS-EN-FAGNE. lci, on s'y repose un bon

moment.
La bataille a commencé pour nous. Dès 9 heures du matin, on
entendait les premiers coups de canon ; les allemands, dit-on,
bombardaient déjà DINANT.

On raconte, le soir, que la gare a été démolie, que l'incendie prend
de plusieurs côtés. DINANT aurait été mis à feu et à sang. Vers 11
heures du matin, notre régiment, le 33ème, aurait été fauché par le
feu des mitrailleuses en voulant attaquer un pont sur la Meuse. On

parle de l'anéantissement de deux bataillons, mais je crois qu'il ne
faut pas exagérer le cas. Il y a eu une surprise et les blessés se
font, je crois, des illusions.
Après une journée de lutte et grâce, parait-il, à notre artillerie,
DINANT était, le soir, entre nos mains. Il y a eu, parait-il toujours,

des pertes sérieuses de part et d'autre. La Meuse coule du sang.
.Les premiers blessés que je vois à FLAVION, où on part ensuite,
me content les impressions de oette première journée qui me font
beaucoup songer aux jours prochains.

Arrivée à 23 heures par une nuit sombre et pluvieuse ; on
commence à s'apercevoir que les temps durs sont commencés.
Enfin ! On a beaucoup de courage et on ne se plaint pas. Les
   1   2   3   4   5   6   7   8   9   10