Page 15 Carnet de route MASQUELIN
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18 SEPTEMBRE 1914 :

Départ à 8 h. pour ROMAIN où nous bivouaquons avec tous les
T.R. du C.A. Autour de nous, la bataille doit se continuer. On voit
passer bien des blessés. En route, je croise Léon PIAT (zouave).



19 SEPTEMBRE 1914 :
Il a plu toute la nuit et on se réveille mouillé jusqu'aux os. On
apprend une bien triste nouvelle. Hier, la batterie a été touchée par
le feu ennemi. Toute la pièce est anéantie. L'adjudant MONTAGNE

est tué. Le chef de pièces LEPEE, mortellement blessé et les
servants : PLATA, LEROUX, MALINGRIAUX, DELATTRE, etc... ont
mis en morceaux. Il y a eu en tout 10 tués. L'adjudant a eu la
poitrine défonsée.



20 SEPTEMBRE 1914 :
Pour éviter le mauvais temps, on risque de cantonner au village
après avoir pris les précautions pour le cas l'alerte. Il y a 1.500
mètres à faire mais cela ne fait rien car la grange est bonne. Nous

cantonnons chez Monsieur MANGARD, cultivateur ; celui-ci, qui a
servi durant le temps des réquisitions de châteaux, nous fait bon
accueil car il a su apprécier notre sort.
On canonne toujours à notre gauche et devant nous et il passe

beaucoup de blessés.


21 SEPTEMBRE 1914 :
Je dois aller conduire 6 hommes à la batterie pour remplacer les

victimes d'avant-hier. Parmi ceux-ci, le 2° classe C0IN0N (brave
garçon) est tué, peu après mon départ, par un brigadier imprudent
qui lui a envoyé une balle de revolver dans le ventre. Il est mort en
pleine connaissance 1/2 heure après. Retour à ROMAIN.



22 AU 28 SEPTEMBRE 1914 :
Toujours séjour à ROMAIN. Une seule fois, il a fallu déplacer le
parc. Depuis quelques jours, il y a un débarquement de troupes
anglaises à FISMES.

Le 25/9, un avion vient de bonne heure nous jeter des bombes.
Celles-ci tombent toutes en arrière des voitures et ne blessent
personne. Deux bombes n'ont pas éclaté.
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