Page 53 Carnet de route MASQUELIN
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bivouaque à l'emplacement des échelons. Le soir, la première
section part en position. La 2ème attend jusqu'au lendemain.



LE 5 JUILLET 1917 :
A 8 heures, déplacement de l'échelon ; il s'installe dans une autre
ferme à 500 m. Le soir, départ de la 2ème section pour sa position.

Itinéraire : STAVEL, CROMBECKE, WESVILLEREN,
OSTVILLEREN et REMINGHE. La 4ème pièce est à la ferme
RAVELAESE, la 3eme pièce au MOULIN BEULEMANS ; toutes
deux sont détachées de la première section et en sont séparées de

plus de 1 km. On relève des belges. Cette position est réputée très
calme. Les belges, que la 3eme pièce relève, ont tire 4 coups en un
mois. Pas un obus ne tombe dans ce secteur, disent-ils... Ils
avaient le loisir de cultiver quelques potagers. Leur installation est
en effet très bonne. La maison contient trois abris en béton armé,

dissimulés dans les ruines. A 2 heures du matin, le 7/7, notre
installation est achevée et on peut se coucher. La Pièce assure un
service d'observation : une sentinelle, perchée dans la toiture,
surveille les directions : PONT DE STEENSTRAAT et BORNE 6.



LE 6 JUILLET 1917 :
A 5h30 du matin et à notre grande surprise, la maison commence a
être bombardée. Jusque vers 10h/10h30, l'ennemi règle cet objectif

à raison d'un coup par minute et par 2 minutes. Quand leur réglage
a donne l'encadrement de la maison, subitement les boches
declanchent un feu d'efficacité d'une 1/2 heure. Quelles transes !
Impossible de pouvoir se sauver. La rapidité et la violence des

éclatements nous font croire que notre dernière minute est sonnée.
Mes 5 servants se groupent près de moi et, intérieurement, tous
nous songeons à la fin qui nous guette. Heureusement ! les abris
résistent et quand les boches cessent le feu, notre émotion se
calme. Le Lieutenant PETEHAIN qui nous savait là et qui, de la

4ème pièce, voyait le sort qui nous était fait, a pleuré. Il avait
commandé des hommes pour venir nous retirer des décombres, car
il lui semblait qu'ils avaient tout renversé. Cette demi-journée et
principalement cette dernière demi-heure sera inoubliable. Plus de

200 obus de 150 sont tombés dans cette demi-heure, quel enfer!
Comme le marin qui sent son bateau sombrer, nous étions là,
attendant notre mort. Nous avions allumé notre dernière cigarette...
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