Page 30 Carnet de route MASQUELIN
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habitants sont également très sales, la plupart sont pieds nus et
n'ont que des vêtements déchirés et sales. Les femmes sont aussi
dans un négligé sans pareil. Les enfants courent par les rues en
guenilles.
Il y a beaucoup de marchands de cigarettes, tabacs, papier à lettre
et gâteaux. A la porte des cafés il y a des gens qui sollicitent les
passants. Il y a aussi, dans la partie haute, quelques beaux
quartiers, mais ceux-ci ne sont pas encore très propres. A la sortie,
on aperçoit les cimetières ; sur les tombes, on y met une pierre mal
taillée et ne signifiant pas grand chose ; la plupart sont plates et
pointues ; il y a aussi quelques colonnes. On arrive facilement à
reconnaître l'ancienne population turque de cette ville d'avec les
grecs. Le charroi se fait avec des buffles et de mauvaises voitures
d'un genre tout différent des nôtres. Les soldats se ravitaillent à dos
de chevaux ; on voit une quantité de petits chevaux montés par les
soldats et qui sont munis d'une selle grossière qui sert à la charge
des vivres. Les gens des environs qui viennent vendre des vivres
se servent également de ces petits chevaux ; ceux-ci portent deux
longs paniers qui pendent sur leurs flancs.
LE 7 NOVEMBRE 1915 :
Réveil à 6h30. Le temps est toujours très beau ; le soleil se fait
sentir aussi fort que durant notre été. Séjour au bivouac.
LE 8 NOVEMBRE 1915 :
La journée se passe également au bivouac. A midi, on nous
apprend qu'il y a manoeuvre le lendemain et qu'il y aura quelques
promenades d'hommes à Salonique. A 9 h. du soir, on reçoit l'ordre
de départ. Réveil à 11 h. pour partir.
LE 9 NOVEMBRE 1915 :
A 1h30 du matin. Embarquement fixé à 4 h. en gare de Salonique. Il
y a quelques heures de retard et on ne part que vers 9 h. Arrivée à
KRIVOLAK vers 16 h. Nous sommes bombardés durant tout le
temps du débarquement. On va bivouaquer à 14 km de la gare, à
MARENA par REGOTIN. Sur le parcours en chemin de fer, nous
avons presque continuellement longé le VARDAR qui coule entre
des monts de différentes altitudes. La région que nous avons