Page 29 Carnet de route MASQUELIN

pluvieux.

LE 4 NOVEMBRE 1915 :
Le temps est redevenu beau. On approche de SALONIQUE qui se
présente devant nous dans un aspect des plus charmants. Arrivée
au port à 11 h. On mouille en rade jusqu'à la nuit. On approche

ensuite du quai pour débarquer hommes et chevaux. Ceux-ci sont
parqués dans un endroit boueux, d'où grande difficulté d'installation.
Nuit blanche.

LE 5 NOVEMBRE 1915 :
On n'a pas encore pu débarquer à quai beaucoup de matériel. A 14
h., il nous faut repartir au large et le débarquement va se faire sur
chalands. Ce n'est que vers 17 h. que commence le déchargement
qui dure jusqu'au 6/11 à 2 h. du matin. Le reste de la nuit se passe

dans le fond du chaland. On part pour le quai vers 8 h. du matin. Le
déchargement se fait vivement et on part aussitôt pour le camp de
concentration qui se trouve à 6 km du port. Arrivée à midi où l'on
bivouaque. La consigne est sévère et on ne peut absolument pas

quitter le bivouac. Il y a déjà beaucoup de troupes ici mais elles n'y
resteront pas longtemps. Le 4ème groupe part déjà ce soir pour
aller embarquer en chemin de fer. La journée ressemble à une
journée d'été de chez nous et la nuit est très fraiche. Une forte

humidité sort du sol et gêne assez le sommeil.
J'ai pu passer la matinée du 5/11 à visiter quelques quartiers de
SALONIQUE. Cette ville, premier port des BALKANS, a une grosse
population (250.000 habitants au dire d'un grec, en temps de paix).

Celle-ci est fortement accrue actuellement par suite de la
mobilisation grecque et l'état de guerre. Il y a plus de 60.000
soldats dans la ville et environs et les troupes françaises et
anglaises ne cessent d'y arriver depuis plus de 3 semaines. Il y a
aussi beaucoup d'émigrés, venant principalement d'Asie Mineure.

Vue du port, la ville a un aspect des plus jolis. Ses maisons
blanches aux tuiles rouges s'étagent sur les flancs d'une ceinture
de monts qui l'entoure de tous côtés. Les minarets se montrent en
beaucoup d'endroits (colonnes blanches et pointues) ; on peut

distinguer également quelques mosquées. L'intérieur n'est pas en
rapport avec l'impression qu'on trouve en rade. Il y manque des
rues larges et dans beaucoup de quartiers, il y fait très sale. Les