Comment à partir d'un four gaulois aux Quatre Vents, un hameau qui, au VI, siècle, ne comptait que quelques huttes de boue et de roseau construites au bord du marais de la Marque a-t'il pu devenir la ville que nous connaissons aujourd'hui ? C'est cette passionnante histoire que se propose de vous raconter Jacquy Delaporte, Directeur Général des Services de la mairie de Hem à la retraite, dans son livre "HEM, 1.000 ans d'histoire".
Au temps de Charlemagne, les Hémois ne se signalent guère que par le péage en nature (du miel) imposé par le châtelain de Lille à quiconque voulait traverser le gué de Hempenpont. Comme dans tout le Comté de Flandre, les Hémois voient leur situation matérielle s'améliorer peu à peu malgré les guerres et les violences. Dès le XIIIe siècle, un important pélerinage attire à Hem la grande foule venue "servir Saint Corneille" pour se préserver du "Haut-Mal". Essentiellement agricole, lorsqu'au XV, siècle, les ducs de Bourgogne deviennent Comtes de Flandre, Hem est un village florissant où se développe un artisanat textile familial. Plus tard, sous Charles Quint, éclatent les premiers troubles qui préludent aux guerres de religion, la lutte est chaude autour de notre village...
Nous sommes Flamands et les Français n'occupent notre territoire qu'à partir du XVIIe siècle. Ils ne sont pas reçus à bras ouverts par nos paysans qu'ils contraignent à transporter des matériaux pour l'énorme chantier de la Citadelle de Lille. Une crise grave frappe les activités textiles à partir de 1786 et la Révolution n'améliore pas le sort de nos concitoyens inquiétés par de fréquentes incursions militaires. Le Premier Empire vide le village de sa jeunesse qui va mourir aux quatre coins de l'Europe.
Hem profite pleinement de la révolution industrielle du XIXe siècle et l'implantation des premières teintureries, le long de la Marque, met en évidence le manque de main d'oeuvre , rapidement comblé par l'arrivée des Belges. Le développement économique s'accompagne de toute une série de travaux qui, peu à peu, transforment la commune : construction de la première mairie, nouveau cimetière, pavage des rues... Les paysans tentent de freiner cette évolution. Occupée dès le début des hostilités en 1914, Hem est soumise durant quatre ans à une discipline de fer et connaît les privations, la faim, la misère...
La seconde guerre mondiale met fin à une période de paix qui n'a guère duré plus de vingt ans. La résistance s'organise et va être douloureusement marquée par les déportations mais aussi par "l'explosion de la Marquise", le dépôt régional allemand de munitions. L' après guerre va voir Hem se construire, malheureusement sans schéma directeur, au détriment de l'agriculture, pour devenir une ville moyenne. Sa population passe de 6.105 habitants en 1946 à 23.183 en 1975. Ville dortoir, Hem cumule tous les handicaps sociologiques et économiques. A partir de là, elle cherche à s'épanouir et à se faire reconnaître... et, en l'an 2000, les débuts semblent prometteurs.
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