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Hem, 1000 ans d'Histoire

 

La Révolution à Hem

 
Exposé de M. Duthoit, ancien professeur en Histoire et conférencier à Hem-Loisirs


Lille et sa région ne sont pas, par nature, d'esprit révolutionnaire. D'où pas de carmagnole,
ni de tête aristocratique coupée, ou une population excitée par les idées nouvelles.

La situation est donc plus saine et plus tranquille, cependant la campagne reste sous la menace des mauvaises récoltes de céréales et ce sera le cas de la récolte de 1788. Cette catastrophe est suivie d'une autre : l'hiver précoce et rigoureux de 1788/1789 : la température chute à -18°C ; la future récolte est compromise. La conséquence immédiate est la rareté des grains (tout ce qui est rare est cher) le prix est multiplié par 4 ou 5. Encore faut-il en trouver !

Nous allons examiner la vie de Hem entre 1789 et 1799 à travers 4 moments où la vie quotidienne de la communauté villageoise est pertubée :

  - les années 1787, 1788 et 1789 : le temps des élections
- la publication de la constitution civile du clergé
- 1792 - le siège de Lille et le bombardement ( le 7e de son histoire),
- 1794 - la bataille de Tourcoing

(dans les 2 cas, nous sommes dans la zone des opérations).



1/ Hem à la veille de la Révolution
Le XVIIe siècle s'est passé à Hem, comme dans l'ensemble de la région, dans la paix et la tranquillité. C'est à dire que la région n'a pas connu la guerre et le passage des armées (quelle qu'elles soient). Pas de guerre après 1713, la paix signée par Louis XIV à Utrecht. Ce qui marque donc la vie des paysans hémois est le train-train habituel : alternance des saisons et des années bonnes ou mauvaises, des récoltes irrégulières, épizootées ( voir le livre de Jacquy delaporte qui signale celle de 1745 qui frappe les vaches). Hem y aurait échappé. Les affaires de la Commune sont gérées par les plus gros censiers (une dizaine de personnes).

Concernant l'industrie, Hem reste solidaire de Roubaix dans sa lutte menée contre les Lillois pour la production textile. Par contre pour le lin, Hem cultive la plante pour les besoins de l'industrie lilloise.
En 1786, le ministre Vergennes ouvre le marché à l'Angleterre. la première conséquence est la ruine de l'industrie, donc des paysans tisserands à domicile. A l'époque, Hem compte 1.000 habitants (le recensement de 1852 en dénombrera 2.289 dépassé de peu par Leers et Flers).

A la veille de la Révolution, Hem est donc rural avec un certain nombre de paysans travailleurs à domicile et compte une vingtaine d'artisans et une population qui reste croyante et pratiquante.

Néanmoins, Hem connait les mêmes problèmes et posera les mêmes doléances que toutes les autres communes rurales.
D'abord concernant le pricipe et le montant des dîmes qui se mesure en décimes (1/10). Celui qui la percoit est le décimateur. Pour Hem, c'est le chapitre de la cathédrale de Tournai qui est le principal décimateur. Elle s'élève à 9 % des récoltes. Toute la production est imposée (culture et élevage). S'ajoutent tous les autres droits perçus par le Seigneur de Hem (droit de chasse) par la Comtesse Jeanne de Lille (pour les moulins) et à d'autres y compris le Roi de France.
Malgré tout cela, la réputation de Hem est grande près de la population lilloise qui place les enfants pauvres de la ville dans les familles de paysans de Hem : " A Hem, il fait bon vivre".

Mais voici le moment où toute la France va désigner ses représentants aux Etats Généraux convoqués à Versailles pour mai 1789. Le climat social n'est pas fameux. En 1788, un typhon a provoqué la destruction de la moissson encore sur pied. Hem n'est pas épargné. C'est dans ce climat tendu que l'on va voter en janvier 1789 et rédiger les cahiers de demandes, de souhaits, dits de doléance. Hem envoie ses représentants à Lille en mars 1789 pour y désigner ses députés. le climat est tendu car les paysans ont peur de ne pouvoir assurer la soudure. Ils doivent payer la dîme en nature au chapitre de Tournai, mais ils désirent garder leurs réserves de grains pour leurs propres besoins.

Fin 1789, c'est aussi le moment d'élire, pour la première fois, un Conseil municipal de 6 membres : le maire et 5 conseillers. Ceux-ci seront aidés par un conseil de 12 notableset un procureur représentant le Roi. Ne peuvent voter que ceux qui paient au moins 10 livres d'impôt direct. Pour Hem, 60 citoyens, dits actifs, pourront voter sur une population estimée de 250 citoyens pour 1.000 habitants. Le vote a lieu dans la plus grande salle du village : l'église Saint Corneille ! Le premier maire est Denis Joseph Mulliez élu par 31 voix. Les conseillers et les notables sont de gros fermiers ( les petits fermiers ne peuvent pas voter).

2/ Le serment que doit prêter le clergé
Hem va se signaler avec le serment de fidélité à la Nation exigé de tout membre du clergé. Le curé de Saint Corneille refuse : c'est l'abbé Leclerc. Il est remplacé par un prêtre jureur ou constitutionnel. Son vicaire, l'abbé Delahousse, prêtera le serment et devient un prêtre constitutionnel : il est nommé curé de Linselles le 9 mai 1791. L'église fidèle à Rome entre en clandestinité. La messe célébrée par un prêtre qui a refusé le serment est interdite. A Hem, il existe un lieu où elle se célèbre : c'est la "grange au mars" qui dépend de la ferme Leclercq et de la brasserie attenante. On y entreposait, au début de l'hiver, la première bière et elle y attendait le printemps pour être consommée. C'était une boisson de grande qualité.

3/ Le siège de Lille et le bombardement
Les années 1792, 1793 et 1794 sont des années d'opérations militaires dans la région. Hem est bientôt prise dans le champ des opérations et des passages des armées.
L'assemblée législative a déclaré, en avril 1792, la guerre à l'Autriche (qui gouverne les Pays-Bas voisins c'est à dire la Belgique). Hem n'est pas directement touchée ; il n'y aura pas de bataille à Hem. A la mi-septembre 1792, le Duc Albert de Saxe-Teschen somme les pouvoirs qui dirigent Lille de lui remettre la ville qu'il assiège depuis quelques semaines ; cela éviterait des souffrances. Les forces ennemies campent chez nous. Le duc n'a pas encerclé Lille mais seulement une partie des remparts côté Saint Sauveur et pas ceux de la Citadelle. Il dispose de 14.000 hommes et d'une puissante artillerie. La défense de Lille est assurée par 21 à 22.000 hommes dont 8.400 volontaires et surtout 220 canons (voir le musée des Canonniers). Le bombardement va durer 8 jours au bout desquels les autrichiens, eux mêmes bombardés, lèvent le siège. Hem retrouve la tranquillité, mais pas pour longtemps.

4/ La bataille de Tourcoing
En 1894, 4 colonnes ennemies menacent la région à partir de leurs positions en Belgique. La 4e colonne composée d'anglais arrive de Tournai par Templeuve, Lannoy, puis Croix et Mouvaux en traversant Hem. Le général Joseph Souham va tromper l'attention de l'ennemi dans la nuit du 17 au 18 mai 1794 en passant la Marque à Hempenpont. Il surprend les anglais installé sur une ligne Croix-Roubaix-Mouvaux et les rejette au-delà de la frontière.
Avec le Consulat et le passage à Lille du Premier Consul salué par le maire comme "le père des français, libérateur, restaurateur des temples", la région et Hem seront définitivement à l'abri de l'invasion jusque 1814 puis 1914. Les difficultés resteront d'ordre économique.