A
la
Libération, toute la Tribonnerie faillit sauter
L'initiative
d'un mutilé empêcha la
catastrophe
Comme nous l'écrivons par ailleurs, au début de la guerre, en 1941, l'occupant s'appropria le château et le parc «de la Marquise». Il clôtura le tout d'une solide barrière de barbelés, et en fit un vaste dépôt de munitions
Vint
la débâcle allemande.
Avant de s'enfuir, les soldats décidèrent de faire sauter le stock d'explosifs
et d'obus qu'ils détenaient. On savait que le château de la Marquise en était
bourré. On prévoyait donc une explosion épouvantable et, vraisemblablement,
l'anéantissement d'une notable partie du quartier ! Aussi, fut-ce un
sauve-qui-peut général.
C'est
alors qu'intervint un
homme à la fois courageux et entreprenant. C'était un unijambiste, M. Jules
Parez, qui habitait non loin de là, 15, rue l'Abbé-Lemire. Toujours aux aguets,
(sa jambe de bois étant pour lui le meilleur des laissez-passer) il avait
surpris les Allemands en train de préparer le dispositif électrique destiné au
déchaînement du volcan. M. Parez n'avait que de très vagues notions en cette
matière. Il se documenta auprès d'un électricien, qui lui apprit comment il
faut s'y prendre pour détériorer une installation électrique. Et, le 2
septembre 1944, il provoqua un court-circuit en jetant tout bonnement une pièce
métallique sur les fils préalablement dénudés qui apportaient le courant au
château Toute l'installation grésilla !
Les
occupants n'avaient plus
le temps de procéder à la réparation Il ne pouvait plus être question
d'anéantir simultanément les différents dépôts de munitions par un simple
contact électrique Alors ils utilisèrent le cordon bickford...
Bien
sûr, le dépôt sauta, en
fin de compte. Mais au lieu de les faire exploser en une seule fois il fallut
cinq heures aux Allemands pour détruire complètement les différents stocks
répartis en différents endroits du parc. L'un des artificiers fut tué au cours
de l'opération.
Evidemment,
il y eut néanmoins
de gros dégâts, et aussi, hélas cinq tués. Jusqu'au Nouveau-Roubaix, et même
bien au-delà, les vitres se brisèrent sous le souffle des déflagrations. Mais,
à en juger par le résultat de ces détonations successives, on peut évaluer
qu’elle eût été la puissance inouïe d’une seule explosion. On n'ose
l’imaginer...
Et
que devint l'astucieux
Jules Parez ? Hélas, le 18 février 1950, il trouva la mort alors qu’il
cheminait, un soir, sur l'une chaussées latérales de l'avenue Alfred-Motte, à
Roubaix. Tamponné par une automobile, il fut tué sur le coup.
Déplorons le destin qui voulut
sa brutale disparition, mais n' oublions pas le nom de ce héros… qui s'ignorait
!
Fac-similé du journal de
l’époque